J’ai vu naître un chef-d’œuvre : le chantier du Parc olympique comme vous ne l’avez jamais vu
Ingénieur passionné, Raymond T. Cyr était conseiller technique au Service des travaux publics de Montréal au début du chantier du Parc olympique en 1973. Émerveillé par le « monstre modulaire » qui prenait forme devant lui, il a eu l’idée de coordonner la production du documentaire J’ai vu naître un chef-d’œuvre, qui détaille chacune des étapes de la construction. Une véritable ode au génie technique de l’architecte Roger Taillibert. Alors que le film est disponible depuis peu sur la chaîne officielle du Parc olympique, on discute avec ce témoin de la première heure.
Avec ce film, vous vouliez exposer l’ampleur du chantier et le génie des technologies innovantes de l’époque…
Raymond T. Cyr :
« Il me semblait essentiel de produire un tel document d’archives, car ce chantier était vraiment historique. Chaque fois que je regarde ce film, encore aujourd’hui, ça me rend très ému tellement c’est grandiose. À l’époque, c’était la première fois que nous utilisions au Québec une technique très moderne, aujourd’hui très répandue : la précontrainte par post-tension. Il fallait montrer aux Québécois cette intelligence technique et faire d’eux les témoins de la magnificence de cette façon de travailler. »
L’autre grande innovation était le toit du Vélodrome, dont le film vante les qualités…
« Cette voûte sphérique autoportante était vraiment un exploit. Pendant le chantier, la toiture avait été montée sur des échafaudages immenses, sans aucun appui intermédiaire. Au fil de l’évolution des travaux, on prenait conscience chaque jour plus fermement de la merveille architecturale que cela constituait. C’était d’une beauté inouïe. La structure de béton était l’une des plus complexes du monde entier, et il a fallu faire preuve d’inventivité pendant toute la durée des travaux. »
Le film ne raconte pas les bouleversements et les retards du chantier, se contentant d’exposer les qualités techniques de cette construction. Pourquoi?
« Nous ne voulions pas faire un reportage sur la construction, mais bien une sorte d’hommage au projet architectural pur, tel que l’avait imaginé Roger Taillibert. Je me suis servi d’une brochure technique et architecturale que j’avais rédigée pour synthétiser les principales caractéristiques du Stade et du Vélodrome. C’est le maire Drapeau qui a trouvé le titre, J’ai vu naître un chef-d’œuvre, et ce titre rend tout à fait justice aux intentions du film, qui étaient de mettre en lumière l’avant-garde, la beauté formelle et la précision technique de ces constructions. »
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le Parc olympique?
« Même si je serai toujours attristé par la transformation du Vélodrome [NDLR : transformé en 1992 pour accueillir le Biodôme de Montréal], je continue à vivre de beaux moments quand je me rends dans les installations olympiques aujourd’hui. Bien que la mission sportive de ces installations ait été parfois délaissée, elles ont pu servir à toutes sortes de choses. Je suis par exemple enchanté du nouveau centre de natation. Il faut en prendre soin, car ces installations sont exemplaires. Je peux en tout cas vous dire que les structures de base sont bonnes pour encore 50 ans! Le béton ne s’effrite pas, autant sur le mât que dans les charpentes. Je suis très content de ça! »
Pour plusieurs raisons, votre film a été peu vu. Comment accueillez-vous son retour dans la lumière?
« J’en suis ravi. Chaque fois qu’il a été projeté par le passé, notamment devant des étudiants et professeurs de l’École de technologie supérieure (ÉTS), il a été considéré comme un document historique de grande valeur. Tant mieux si les générations actuelles en prennent connaissance. »
Le documentaire J’ai vu naître un chef-d’œuvre peut être visionné sur YouTube.